IL RESTERA COMME L’UN DES MEILLEURS 2 ANS DE L’HISTOIRE, DEVENANT LE PREMIER CHEVAL EUROPÉEN À DÉCROCHER LA BREEDERS’ CUP JUVENILE EN 1991 - (par Alain Stromboni)
Son style inimitable, ses victoires de prestige à l’âge de 2 ans et sa mémorable chevauchée à Churchill Downs lui avaient conféré le statut de légende du turf. Jeudi 1er juillet, le champion Arazi s’est éteint à l’âge de 32 ans en Australie, à l’élevage Stockwell Stud, là où cet alezan coulait des jours paisibles.
Né en 1989 aux États-Unis, dans le Kentucky, des oeuvres de Blushing Groom et Danseur Fabuleux, Arazi avait été acheté foal 350.000 dollars par Allen Paulson, également propriétaire d’un certain Cigar. Présenté aux ventes de yearlings l’année d’après, l’homme d’affaires américain le retire (les enchères n’étant pas assez élevées) et décide de l’envoyer en France, chez François Boutin. Le début d’une formidable aventure qui verra Arazi remporter sept de ses huit courses à 2 ans.
Les trois groupes 1 pour 2 ans
D’abord monté par Freddy Head, puis par Gérald Mossé, le petit alezan ne cesse d’impressionner et d’aligner les groupes 1 de la génération : Prix Morny, Prix de la Salamandre et Grand Critérium (désormais Prix Jean-Luc Lagardère). À chaque fois, la tactique est la même : il patiente à l’arrière-garde avant de venir transpercer ses adversaires avec une facilité déconcertante.
Sa prestation la plus mémorable aura lieu aux États-Unis dans la Breeder’s Cup Juvenile (Gr. 1). À l’automne 1991, le champion franchit l’Atlantique pour défier les Américains sur le dirt, une surface qu’il ne connaît pas. Avant l’épreuve, Cheikh Mohammed débourse 9 millions de dollars pour acquérir la moitié de celui qui s’apprête à entrer dans la légende.
Le 2 novembre 1991, sur les 1.700 mètres de Churchill Downs, Arazi adopte sa fameuse tactique : là encore, il patiente à l’arrière puis remonte le peloton et s’en va faire ce qu’aucun cheval européen n’avait réalisé avant lui : décrocher ce prestigieux groupe 1 pour 2 ans. Son jockey, Pat Valenzuela, n’a même pas eu à le solliciter. Son partenaire est au-dessus du lot et domine sa génération sur la planète courses. En témoigne l’exceptionnel rating de 135 accordé par Timeform.
Fin de carrière à 3 ans
L’après Breeders’ Cup Juvenile sera plus difficile pour Arazi. Victime de complications à un genou, le crack sera opéré. Si son retour à la compétition est marqué par une victoire de groupe 2 en avril 1992 à Saint-Cloud, il ne parviendra pas à atteindre son objectif : décrocher le Kentucky Derby début mai à Churchill Downs. Il ne terminera que huitième…
Après cette désillusion sur la piste de son immense exploit à deux ans, le crack ne sera plus vraiment le même. Il remportera néanmoins un dernier groupe 2 en France avant de franchir l’Atlantique une troisième fois. Mais il décevra dans la Breeders’ Cup Mile en octobre 1992. Ce sera sa dernière course.
Âgé de 3 ans et fort de ses neuf succès (dont quatre groupes 1) en quatorze sorties, il se retire au haras, où sa carrière d’étalon ne sera pas à la hauteur de celle en course.
Après avoir voyagé entre l’Angleterre, les États-Unis et le Japon, Arazi avait posé ses valises en Australie, dans l’État du Victoria. Là où il s’est éteint de vieillesse ce jeudi…
Crédit photo : Twitter @cmoreton99 (Equidià)