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fonte : onextwo
La légende de l’Arc
Chaque sport a son épreuve-reine. Le cyclisme a son Tour de France, le rugby et le football ont leur Coupe du Monde. Climax de la saison hippique, le Prix de l’Arc de Triomphe joue chaque année ce rôle sur la planète Courses.
Depuis sa création en 1920 et la victoire de Comrade, le tournoi parisien, jugé sur 2.400 mètres, élit chaque premier dimanche d’octobre le meilleur cheval du monde sur la distance. Une victoire qui vaudra souvent à celui-ci le titre de pur-sang de l’année, parfois de la décennie, et même plus selon le style de son succès et ses autres faits d’armes. Car remporter l’Arc, c’est entrer dans l’Histoire pour l’éternité. Un demi-siècle après les exploits de Ribot (double lauréat de l’épreuve, 1955-1956) et Sea Bird (vainqueur de son édition 1965), les sportsmen continuent de comparer les mérites de ces deux champions, souvent désignés comme les meilleurs coursiers du siècle dernier : S’ils s’étaient rencontrés, le cheval italien aurait-il battu le puissant français ?
L’enjeu d’un Prix de l’Arc de Triomphe dépasse la faramineuse allocation attribuée au vainqueur de l’épreuve (le gagnant de l’édition 2013 rapportera 2.742.720 euros à son entourage). Le lauréat sera ensuite, et souvent à juste titre, recherché en tant qu’étalon (ou poulinière, s’il s’agit d’une femelle). Et on le sait, l’Histoire (des courses) forme une boucle, les héros d’hier produisant ceux de demain. Le palmarès du championnat du monde des pur- sang en atteste. Vainqueur de l’Arc 1999, Montjeu est le père d’Hurricane Run, lauréat de l’épreuve 6 ans plus tard. Gagnante en 1993, Urban Sea a mis au monde Sea The Stars, lequel a enlevé le mythique Groupe 1 en 2009.
Si la génétique n’est pas une science exacte, elle s’évertue à abolir le hasard. De la même façon, s’il faut parfois avoir un peu de chance pour s’imposer dans la Grande Course, aucun Arc-winner n’a été récompensé au hasard. Sélective à souhait, la piste de Longchamp ne couronne en effet que des rois le premier dimanche d’octobre, mais aussi les professionnels les plus éclairés. Considéré comme le meilleur entraîneur français, André Fabre a sellé 7 gagnants dans l’épreuve parisienne. Propriétaire-référence du XXème siècle, Marcel Boussac a vu ses couleurs « triompher » à 6 reprises entre 1936 et 1949.
Certes, le tournoi majuscule réussit souvent aux chevaux entraînés en France, mais les coursiers étrangers ont renversé cette tendance ces dernières années (7 victoires pour la coalition anglo-irlando-germanique contre 6 aux tricolores depuis 2000). Ce récent palmarès illustre bien le caractère de plus en plus international de l’épreuve. D’ailleurs, l’événement français est particulièrement convoité par les japonais depuis la deuxième place d’El Condor Pasa dans l’Arc 1999. On n’hésite plus à faire le tour du globe pour prendre part à la finale du Coupe du Monde des pur-sang. Entrer dans l’Histoire n’a pas de prix.
Quelques légendes ayant gagné plusieurs « Arc »
Figure légendaire des pelotons internationaux de 1960 à 1980, le jockey français a été élu 15 fois meilleur jockey de l’Hexagone avec 15 titres de Cravache d’Or, le record absolu. Il est encore aujourd’hui le recordman du nombre de victoires dans l’Arc avec 4 réalisations. Si ses victoires avec Sassafras (1970), Akiyada (1982) et Sagace (1984) ont toutes marqué les esprits, celle de 1974 a contribué à la légende de l’épreuve-monument. Associé à la vedette populaire Allez France, Yves Saint-Martin monte la course malgré une fracture à la hanche, conséquence d’une mauvaise chute dix jours plus tôt. Il arriva sur l’hippodrome avec des béquilles (!), il en ressortira en héros, le trophée dans les bras.
Comme Ayrton Senna fut le grand adversaire d’Alain Prost, Freddy Head a lutté toute sa carrière avec Yves Saint-Martin. Leurs matches ont défrayé les chroniques hippiques. Ils ont aussi en commun le nombre record de victoires dans l’Arc : 4. Freddy Head décroche son 1er alors qu’il n’a que 19 ans, en selle sur Bon Mot (1966). Ses succès suivants sont acquis avec San San (1972) et Ivanjica (1976) avant de remporter une victoire historique : en 1979, il mène au succès Three Troikas, appartenant à et élevée par ses parents, grands propriétaires-éleveurs, et entraînée par sa sœur Christiane, qui devient alors la 1ère femme-entraîneur à inscrire son nom au palmarès.
En remportant l’édition 2012 du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe, le jockey d’origine mayennaise a rejoint ses illustres prédécesseurs dans le club restreint des quadruples lauréats d’Arc. Mais comme il aime le rappeler avec humour (un de ses traits de caractère), il est toujours en activité et espère bien devenir le seul à avoir épinglé cinq sacres ! Un exploit qui viendrait compléter une carrière déjà exceptionnelle marquée par des exploits à travers toute la planète courses : le génial pilote a en effet gagné partout en Europe, mais aussi au Moyen-Orient, aux Etats-Unis, au Japon où il fait partie des sportifs les plus populaires du pays.
Depuis son premier succès en 1985 jusqu’au doublé sacré dans le Qatar Prix de l’Arc de triomphe avec la jument Trêve, Thierry Jarnet a toujours été parmi l’élite des jockeys. Connu de tous pour son grand professionnalisme, l’homme a fait siennes quatre cravaches d’or consécutives de 1992 à 1995. Victorieux des plus belles épreuves au quatre coins de la planète, il a rejoint en 2014 le cercle très fermé des quadruples lauréats de l’Arc, s’imposant dans la plus belle épreuve du monde avec les chevaux Subotica (1992), Carnégie (1994), et Trêve (2013 – 2014).