Sa carrière de jockey se sera étalée sur 28 ans ! Entre ses débuts effectués en plat à Saint-Cloud, à l’âge de 17 ans et sa dernière sortie réalisée à Lyon, en octobre dernier, Christophe Pieux est devenu un jockey de légende. Remporter 1 976 succès en obstacles (dont une trentaine à l’étranger, notamment en Italie) relève en effet de l’exploit. Accrocher quinze cravaches d’or dans cette discipline semblait, avant lui, du domaine de l’inimaginable quand on sait les accidents inhérents à la profession et aux chutes, la nécessité de maîtriser sur une aussi longue période son poids, mais encore la gestion de la peur et la capacité à se motiver quand on a déjà tout gagné. Y compris après sa 15e Cravache d’Or, décrochée en 2004 –la première l’avait été en 1988-, Christophe a continué d’avoir «faim », complétant sa collection de bronze et d’argent.

Le corrézien, né à Pompadour, formé à Maisons-Laffitte est vite revenu dans son Sud-Ouest natal, prenant son envol, à Pau, aux côtés de Jacques Ortet. C’est en compagnie de cet entraîneur tête de liste et sur cet hippodrome que le jockey construit le début de sa légende, y remportant plus de 600 victoires, dont pas moins de huit Grand Steeple-Chase ! Après avoir conquis le Béarn, le jockey incassable et… inclassable repart à l’assaut de Paris, et notamment d’Auteuil. Sur la Butte Mortemart, Christophe impose sa loi à 563 reprises ( !), remportant tous les Groupe I du programme, notamment trois éditions du Grand Steeple-Chase de Paris, en compagnie de Line Marine (2003), Sleeping Jack (2005) et Remember Rose (2009).

Dans ce métier, « il faut durer, savoir encaisser les coups, se remettre de blessures, ne pas baisser les bras… Et surtout ne pas se prendre pour une star quand on traverse une période faste ». C’est signé, Christophe Pieux, en novembre 2010. Tout est dit.

Mid Dancer est l’un des fleurons de l’obstacle hexagonal avec 16 victoires de Groupe à son palmarès, dont 5 au niveau Groupe I. Né dans le Maine-et-Loire en 2001, le fils de Midyan débute sa carrière sous la férule d’Arnaud Chaillé-Chaillé avec qui il enchaîne les succès.

Sauteur polyvalent, Mid Dancer remporte à 5 ans la Grande Course de Haies d’Auteuil puis réussit l’exploit l’année suivante de s’adjuger le Grand Steeple-Chase de Paris, sans jamais avoir connu l’échec en France. Vainqueur du Prix La Haye Jousselin à l’automne, le représentant de Pegasus Farms doit se contenter des accessits dans les Grand Steeple-Chase de Paris 2008 et 2009 et la Grande Course de Haies d’Auteuil 2008. Malgré une fracture du boulet dans le Prix Georges Courtois 2009, le nouveau pensionnaire de Christophe Aubert retrouve son meilleur niveau et enlève en 2011 un 2ème Grand Steeple avant de tripler la mise en 2012, égalant le record des légendaires Hyères III et Katko. A 12 ans, Mid Dancer vise un quadruplé historique dans le Grand-Steeple 2013, la course la plus importante de la saison française.

Avec le « Petit Poucet du Centre-Est », il y a tous les ingrédients d’une « success story » à l’américaine. Acheté 10.000 euros à 18 mois, propriété de Pascal Treyve (artisan-boulanger passionné de courses) et de Jean-Pierre Gauvin (son entraîneur), le fils de l’honnête Saônoise a, comme dans la plupart des contes de fées, emprunté les chemins de traverse avant d’atteindre la renommée.

Passé par la Province, couru à réclamer (épreuve où tous les participants sont à vendre) à 2 ans, Saônois a commencé à révéler son potentiel à l’aube de ses 3 ans. Lauréat du Prix Policeman à Cagnes-sur-Mer, le partenaire du jeune néo-professionnel Antoine Hamelin a ensuite franchi quatre- à-quatre les échelons de la hiérarchie hippique. Autoritaire vainqueur du Prix La Force en avril, le bai élevé au haras de Nonant-le-Pin a signé son chef d’œuvre deux mois plus tard dans un Prix du Jockey-Club homérique. Tout en énergie, le David aux origines plébeïennes terrassait ce jour-là des Goliath bien nés et parés de casaques prestigieuses (Godolphin, Wertheimer, Aga Khan), accédant avec cet exploit au statut de meilleur mâle de sa génération. Démontrant son aptitude à la distance classique (2.400 mètres) dans le Prix Niel, Saônois n’a certes pas réussi à se mettre en valeur dans le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe, s’enlisant dans un terrain trop collant à son goût. S’il a échoué dans sa quête du Graal, le « déjà légendaire » représentant de Pascal Treyve avait en revanche déjà conquis, et depuis longtemps, le cœur des sportsmen.

Il a le sens du show. A seulement 21 ans, Mickaël Barzalona affiche un palmarès aussi spectaculaire vque ses démonstrations de joie après un succès majeur. Ainsi, c’est debout sur les étriers de son pur- sang Pour Moi que le jeune prodige français a conclu son parcours du mythique Derby d’Epsom qu’il remporte à 19 ans, devenant le pilote le plus jeune de l’histoire à inscrire son nom au palmarès du plus glorieux des Classiques britanniques. Un succès d’autant plus retentissant qu’il est aussi l’œuvre du maître-entraîneur de Chantilly, André Fabre, patron d’apprentissage du jeune pilote originaire d’Avignon.

La trajectoire de l’étoile Barzalona n’a rien de filante : 9 mois et demi plus tard, l’ancien pensionnaire de l’Ecole des Courses remporte la course la plus richement dotée au monde, la Dubai World Cup. Il est alors associé à Monterosso, pensionnaire de l’écurie Godolphin de Cheik Mohamed Al Maktoum. Le prince régnant de Dubaï n’est pas resté insensible aux talents du jeune phénomène à qui il offre un contrat de première monte. Plus rien depuis n’arrête Mickaël Barzalona, vainqueur à l’automne dernier du St Leger de Doncaster, la plus vielle course classique du monde. Cet hiver, il vole de succès en succès sur l’hippodrome de Meydan à Dubaï. Il partage aujourd’hui sa vie entre les Emirats, l’Angleterre et la France où il fait encore des apparitions au plus haut niveau : il a d’ailleurs conclu troisième du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe 2012 avec Masterstroke, pour sa 1 ère participation au championnat du monde des pur-sangs.